La Razette

Ou un « hier / aujourd’hui » des trousses de toilette.

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La Razette vous emmène en voyage, loin de la grisaille et des sujets du quotidien qui fâchent. Votre valise est prête ? Ah mais ça ne vas pas du tout ! Je ne vois pas de trousse de toilette. Et bien tant pis pour le voyage, nous allons nous laisser aller à la rêverie en revisitant les voyages du passé. Plus particulièrement, les éléments essentiels dont un gentleman d’autrefois pouvait avoir besoin pour parcourir le vaste monde à la recherche d’une certaine aventure.

Nécessaires de toilette antiques

Ah, la fidèle trousse de toilette. Cet objet merveilleux trouve son origine dans la valise française du XIVe siècle, utilisée par la noblesse et la royauté pour transporter l’essentiel de leur toilette personnelle lors de leurs déplacements. Il s’agissait au départ de simples coffres contenant tout ce qu’il fallait aux rudiments du bain. Avançons rapidement à travers des siècles d’histoire mouvementée jusqu’au 19e siècle.

Des nécessaires royaux

Nous en parlions dans notre précédent article sur le Rasage de Napoléon, les Grands de ce monde commençaient à se raser eux-mêmes, et de manière plus générale prenaient de plus en plus soin d’eux. Napoléon étant à la fois grand chef militaire et dirigeant, il lui fallait un nécessaire de toilette qui soit à la fois beau, mais aussi intelligemment pensé pour être facilement emmené en campagne. Les nécessaires étaient donc très compartimentés, les outils modifiés pour être plus plats ou pliants, et les boites elles-mêmes s’arrondissaient pour pouvoir derrière une selle de cheval.

À cette époque extraordinaire de découvertes mondiales à haut risque, les Britanniques comptaient parmi les explorateurs les plus prolifiques du monde. Parmi le vaste éventail de bagages et de mobilier de campagne, transportés par des porteurs, des porteurs de chemin de fer ou une suite de serviteurs, l’aventurier victorien et édouardien était toujours bien soigné, grâce à sa valise. Il s’agissait d’un véritable coffre à trésors contenant ce que l’on considérait comme des nécessités, lui permettant d’avoir l’air élégant, de rester propre et de maintenir une moustache parfaitement en ordre en toute circonstance.

De beaux matériaux

Ces coffrets étaient richement garnis d’un assortiment d’instruments et d’outils fascinants, souvent monogrammés et fabriqués en ivoire, en ébène, en nacre ou en écaille de tortue, avec des pots en verre taillé recouverts d’argent pour transporter les eaux de Cologne, la pommade et les lotions. D’éminents fabricants de produits de luxe tels que Drew & Sons, Jenner & Knewstub, Mappin & Webb, Louis Vuitton, Cartier, Asprey et Swaine & Adeney fabriquaient alors les coffres les plus extravagants. Ils étaient souvent fabriqués dans des bois exotiques tels que le coromandel, le palissandre ou le noyer, et doublés de satin, de velours écrasé ou de cuir marocain.

Contenu des nécessaires à l’européenne

Une trousse de toilette contient généralement : des brosses à cheveux en soie, des brosses à vêtements rigides et souples, des blaireaux, des rasoirs artisanaux, un savon de rasage de luxe, un cuir d’affûtage, des brosses à dents et un porte-dentifrice, des tendeurs de gants, des crochets à boutons, des chausse-pieds, des pinces à friser la moustache et un brûleur à alcool pour chauffer les pinces en question. C’est à cette même période que sont nés des modèles d’accessoires iconiques. La brosse à cheveux « Military », la trousse de toilette « Military », les blaireaux « Turnback »…

De nombreux nécessaires de toilette ont survécu aux années, mais bien souvent incomplets. Les accessoires ont soit cassé avec l’usure, soit ont été gardés par quelqu’un avant revente du nécessaires… Si bien qu’il est très difficile voire impossible aujourd’hui de reconstituer les pièces d’un tel puzzle.

Nécessaires de toilette repensés

Au fil des siècles, les guerres n’ont pas été combattues de la même façon. Les étuis militaires ont donc évolué avec leurs temps. Entre les guerres, les mœurs ont également évolué et  les nécessaires de toilette avec elles.

Sets Gillette militaires

Avant la fin de la première guerre mondiale, Gillette a obtenu un contrat auprès du gouvernement américain pour équiper les GI partant en Europe. Gillette fabriquera plus de 3,5 millions de rasoirs en 1918 ! Parmi ces rasoirs, beaucoup de sets ont été présentés en étui de toile khaki, et ont pris le nom de « Khaki Set ». Ces nécessaires de rasage incluaient un rasoir, des lames, un miroir et deux punaises pour attacher le miroir n’importe où. Les sets d’officiers incorporaient un rasoir plus luxueux, et deux tubes pour le blaireau et le savon de rasage. On modifiait parfois certains sets spécialement pour les missions d’infiltration. On pouvait y cacher une boussole, un surin…

Gillette Foldabrush

Un modèle propre à son époque : le Gillette « Foldabrush ». Un concept exceptionnel, du début des années 1930. Dans un étui de la taille d’un étui à cigarettes (un excellent argument de vente à l’époque), tout le nécessaire du rasage moderne. Un rasoir Gillette « New », des lames, un tube à mécanisme poussoir (le manche du rasoir sert à pousser la crème hors du tube) qui contient juste ce qu’il faut pour quelques jours. Et le clou du spectacle : un blaireau donc le manche se déplie pour se ranger à plat.

Itinerette

Citons également cet autre nécessaire de toilette de voyage, le kit « Itinerette ». Dans les années 1950, toujours aux USA, ce kit offrait un rasoir, un tube de crème et une brosse à dent. Le rasoir et la brosse à dents utilisaient le même manche ! Avec l’avènement des brosses à dent modernes dont on ne change que la tête (Bioseptyl, Caliquo…), on peut se mettre à rêver que les fabricants se mettre d’accord pour reproduire un tel système… Imaginez que vous puissiez utiliser vos superbes manches de rasoirs de sûreté plus souvent !

Nécessaires de toilette modernes

Plus tard, l’introduction des matières plastiques, associée à l’avènement des voyages en avion, a entraîné le développement d’articles plus petits et plus facilement transportables, souvent logés dans des étuis en cuir, ce qui a conduit directement au simple sac de toilette ne contenant que le strict nécessaire que nous utilisons aujourd’hui.

Réflexions sur les temps qui changent

Naturellement, compte tenu de la rapidité des voyages modernes et de la grande disponibilité des articles familiers dans le monde entier, le gentleman moderne est susceptible de porter moins de choses que son homologue historique. Cependant, je me demande si nous ne sommes pas en train de redécouvrir le charme de parcourir le monde à un rythme plus lent.

Il y a beaucoup de joie dans un mode de voyage plus délibéré, dans lequel la destination importe moins que les merveilles fortuites du voyage lui-même. Il se peut que l’époque revienne où le voyageur contemporain n’emporte que des objets et des produits soigneusement étudiés. Luxueux ou non, ces objets seront magnifiquement fabriqués à la main, démontrant le meilleur d’une approche de la vie plus réfléchie et moins génératrice de déchets.

Nouvelles solutions

Certains fabricants continuent de proposer des nécessaires de toilette ou de rasage à l’ancienne, nous pensons par exemple aux kits de rasage Mühle en étui cuir, déclinés en plusieurs versions selon son type de rasoir favori.  Si nous voulons un nécessaire de toilette de voyage qui nous ressemble, il nous faudra le constituer nous-mêmes. Remplissons donc notre trousse de toilette d’accessoires de qualité !

Pour la trousse, nous aimons beaucoup les trousses de toilette Military de chez Daines & Hathaway, qui gardent cet esprit d’aventure victorien. La marque anglaise Kent, que nous avons présentée plus tôt, continue de proposer des brosses à cheveux formidables. Simpsons propose les plus beaux blaireaux de voyage qui soient. Le modèle Major est le plus traditionnel, mais le Classic 1 en poils synthétiques est renversant de par son efficacité et sa durabilité. DR Harris propose des sticks de savon de rasage exceptionnels. Pour le parfum, oserons-nous faire comme Napoléon et choisir un flacon d’Eau de Cologne « Rosoli » ?

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Pour conclure

Messieurs, en fin de compte, ce que chacun d’entre nous emporte est le matériau de sa propre histoire. Et le fait de raconter les histoires des voyageurs est en soi une grande partie de l’aventure.

Merci de nous avoir lus et en avant… le monde nous attend !